Communiqué Romeurope 94, Expulsion à Créteil

Aujourd’hui, 17 octobre 2019, journée internationale du refus de la misère, la préfecture a procédé, avec le soutien de la mairie de Créteil, à la destruction d’un bidonville après son expulsion à l’aube.

Les familles étaient installées sur le site depuis une année et essayaient tant bien que mal de se sortir de la misère et des conditions dans lesquelles elles sont forcées de vivre, faute d’un accueil digne de notre pays sans eau courante, sans toilettes, sans électricité, avec un ramassage des déchets domestiques à minima.

Monsieur le Maire de Créteil, dans une réunion publique d’un comité de quartier, a osé affirmer que, sur ce lieu, il y avait trafics de drogue et prostitution !!! Notre collectif qui travaillait régulièrement avec les familles pour leur insertion est choqué que de tels propos puissent être tenus et affirmés comme réalité. Si tel était le cas, Monsieur le Maire a laissé faire en ne saisissant pas le Parquet de Créteil ! !

Par contre, pendant un an, il a demandé à ses ilôtiers de dresser régulièrement des procès verbaux sur les véhicules des résidents et de leurs soutiens, et de saisir les véhicules pour les mettre en fourrière.

En novembre 2018, les ilôtiers et la police nationale sont venus détruire des cabanes en dehors de toute procédure judiciaire. Une plainte pour voie de faits contre la mairie et la police a été déposée et doit prochainement arriver devant le Tribunal administratif.

Le maire dans cette même réunion s’est targué d’avoir scolarisé les enfants. Il oublie de préciser qu’il nous a fallu saisir le Défenseur des Droits pour que quatre enfants accèdent à leur droit d’aller à l’école. Depuis septembre dernier, il a refusé la scolarisation de 3 enfants. Le défenseur des droits est à nouveau saisi.

Monsieur le Maire donne une image dégradante des familles et, en soutenant leur expulsion de leur habitat stabilisé depuis 1 an, les rejette dans un cycle infernal d’itinérance, faisant obstacle à une insertion en cours anéantissant même tout le soutien mis en place au fil des temps. Les mises à la rue constituent un danger et une menace pour la santé des nourrissons, des enfants, leurs parents et grand-parents, et une rupture dans les parcours d’insertion. Ce matin des nourrissons de moins de 3 mois ont vécu leur première expulsion.

Ce sont nos militants d’associations qui sont en première ligne, seuls, pour faire face à l’urgence du sort de ces personnes lorsqu’elles sont sur le trottoir, dans leurs voitures, sur les parkings en grande souffrance et abandonnées.

Des mises à l’abri à l’hôtel ont été proposées par le 115 à trois familles pour trois jours, à Saint Denis, à Athis Mons et à Charenton. La prolongation de cet hébergement est subordonnée à un suivi avec une assistante sociale. La Préfecture et le 115 n’ignorent pourtant pas que si nous accompagnons les familles, c’est bien parce que les services sociaux municipaux ou départementaux sont en manque de moyens ou ont
des critères d’accueil tels que nous faisons le travail en amont avant d’orienter les familles sur le droit commun. Qu’importe ! Faute d’assistance sociale dans trois jours les familles seront à la rue….

La présence des roms dans notre département et plus largement en France est inéluctable en raison des discriminations et des exclusions dont ils sont toujours victimes dans leurs pays d’origine. Pauvres parmi les plus pauvres, elles sont aussi victimes de systèmes économiques dont elles sont totalement exclues et/ou exploitées.

Ils viennent en espérant trouver une vie meilleure à offrir à leurs enfants. Certes la responsabilité de toute l’Europe et de chacun des pays d’origine est entière mais les familles sont là présentes avec des projets de vie face à un accueil indigne des valeurs que nous défendons.

Nous protestons contre cette expulsion qui en annonce d’autres dans notre département.

Nous renouvelons notre demande auprès de la Préfecture de réunir un comité de pilotage tel que préconisé par l’instruction gouvernementale du 25 janvier 2018, afin de mettre en place les moyens pour définir et mettre en oeuvre une stratégie territoriale fixant les objectifs, les priorités, les les actions sur le moyen et long terme en vue de résorber les bidonvilles autrement que par des expulsions.

Aline POUPEL
Collectif Romeurope 94