CRETEIL le 17 octobre 2019 – 60 personnes, rue de l’ Ecluse
IVRY le 29 octobre 2019 – 40 personnes, Rue Pierre Rigaut
BONNEUIL le 30 octobre 2019 – 14 personnes, RN 19

Un peu plus d’une centaine de personnes dont beaucoup d’enfants mineurs scolarisés, ont été expulsées de leur logement ou squat en bidonville ces derniers jours en Val-de-Marne. Un nombre très limité de familles (moins d’une dizaine) se sont vues offrir une mise à l’abri de quelques jours renouvelables éventuellement si le profil correspond aux nouveaux critères de la Drilh : enfants de moins de trois ans, pathologies médicales avérées principalement. Les autres personnes sont à la rue.

Ce matin à Bonneuil pour 14 personnes dont 4 enfants mineurs 11 cars de CRS ont été réquisitionnés par la Préfecture.

Quelques jours avant, une famille avait choisi de partir du bidonville pour que Monsieur puisse aller travailler le jour de l’expulsion puisqu’il a un CDI.

Toutes ces familles arrivées en France depuis plusieurs années vivaient depuis 4 ans sur ce bout de terrain, après maintes expulsions. Tous les enfants vivant sur ce site ont été scolarisés, certains même antérieurement dès la maternelle pour certains. Deux sont aujourd’hui en collège.

Deux autres familles qui ont vécu un temps sur ce terrain, habitent maintenant dans un appartement relais à Créteil et à Vitry.

Ce travail d’insertion continuait pour les 5 familles restantes : – formation, recherche d’emploi, droits ouverts pour la santé, enfants suivis en PMI, collégiens en attente d’affectation…

Monsieur le Directeur de Cabinet du Préfet avec qui nous avons eu un vif échange considère que l’insertion se fait en deux ans. « Si l’insertion va au-delà c’est que les personnes n’ont pas le désir profond de s’insérer. » Les voilà avertis…

Ses propos ne sont pas acceptables car ils ne correspondent pas à la réalité de la grande pauvreté, quelle que soit l’origine des personnes concernées.

Comment des personnes pourchassées, expulsées, il n’est pas rare plusieurs fois par an, malmenées par les institutions de la République, dont les droits élémentaires sont bafoués en permanence pourraient-elles mener sereinement une insertion et la réussir en si peu de temps ?

Faut il rappeler que, dans notre département, certaines actions d’insertion ont duré plusieurs années (Fontenay sous Bois, Saint Maur des Fossés, Orly, Choisy le Roi) jusqu’à ce que les familles se fondent dans le droit commun. Actuellement à Ivry un terrain est en cours d’insertion gérée par l’Association Convivances et avec le soutien de la ville, et des familles sont accueillies au CHUM, au Village de l’Espoir et dans l’ancienne gendarmerie. Les familles ont des projets individuels et personnels qu’elles mènent à bien quand on leur en donne les moyens et quand on ne vient pas à maintes reprises les en empêcher.

Les expulsions de ces quinze derniers jours dans notre département révèlent, comme les précédentes, la priorité donnée au droit de propriété plutôt qu’à la condition humaine et au parcours d’insertion. Ce n’est pas une politique que de vouloir une absence de décisions politiques sérieuses ou pour le moins un refus de résorber les bidonvilles autrement que par l’expulsion, et sans proposer une offre d’hébergement alternative. L’accueil en hébergement est pourtant inconditionnel et la promesse du Président de la république était de ne laisser personne à la rue. Cela est contraire aux engagements du Gouvernement.

L’expulsion sans autre solution que l’errance, est contraire à la dignité humaine, aux droits de l’enfant, et arrête tout le travail d’accompagnement social, approfondit les problèmes et ne fait que les reporter ailleurs ; ça casse parfois l’insertion professionnelle et souvent la scolarisation.

Gaspillage social, gaspillage financier, atteinte à la dignité et aux droits de l’enfant, l’Etat s’enfonce dans le déni d’humanité et l’atteinte à nos valeurs communes.

Collectif Romeurope 94
Le 30 octobre 2019