27 juillet : Le Collectif Romyvelines a obtenu le report de l’expulsion du bidonville de Triel sur Seine.

Dans un Communiqué de presse (PDF) transcrit ci-dessous, ils réaffirment leur opposition à une expulsion sans solution adéquate et pérenne pour toutes les familles.

17 juillet : Expulsion programmée des bidonvilles de la plaine

Le collectif Romyvelines communique
 
Des familles roumaines, pauvres parmi les pauvres, vivaient depuis 2009 au milieu de la plaine de Triel (78510), en bidonville, sans eau et avec un branchement électrique de fortune.
 
Au milieu de cette plaine en partie abandonnée car interdite à la culture du fait des pollutions, ils ne dérangeaient pas grand monde, si ce n’est quelques chasseurs.Ils y ont installé un petit village, et avec l’aide d’associations (collectif Romyvelines, Secours Catholique) qui ont permis l’accès aux droits et à la scolarisation des enfants, d’une avocate pour faire annuler des arrêtés d’expulsion intempestifs, ils ont réussi à s’y maintenir jusqu’en 2012.
 
Fin 2012, le sous préfet s’est intéressé à eux, en application de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 et a créé une MOUS (maitrise d’oeuvre urbaine et sociale) pour les accompagner vers l’emploi et le logement. L’opérateur social PACT, devenu SOLIHA (Solidaires pour l’Habitat), représenté sur le terrain par une ou deux travailleuses sociales suivant les périodes, les a aidé à s’inscrire à des stage de formation professionnelle, à chercher et à trouver du travail, à faire les démarches leur permettant d’accéder à leurs droits dans tous les domaines, à faire des demandes de logement. Progressivement, ceux qui le pouvaient ont obtenu des logements et se sont installés en appartements dans diverses communes de la région; ils sont devenus des gens «comme tout le monde». A ce jour, une trentaine de familles sont relogées ou en voie de l’être. Mais un peu plus sont encore sur le terrain, dont beaucoup sont éligibles à un logement social.
 
Fin 2016, la préfecture qui finançait seule la MOUS, du fait de refus des collectivités locales de participer ( contrairement à ce qui se fait dans d’autres départements ) a décidé qu’elle ne pouvait pas continuer par manque d’argent.
 
Parallèlement, les communes et la communauté urbaine, se sont donc brusquement aperçues que les conditions de vie étaient indignes dans ce village-bidonville. Ils avaient pourtant dans leur obligations légales la fourniture de l’eau et la collecte des ordures pour tous leurs habitants, ce qu’ils n’ont jamais fait. Elles ont préféré demander l’expulsion des habitants, sans même prévoir un lieu de vie de transition.
 
Monsieur le Sous-Préfet de Saint Germain nous a précisé que le bidonville sera évacué dans la semaine du 24 au 28 juillet, en même temps que tous les autres bidonvilles de la plaine.
 
Les seules propositions d’attente faites sont l’hébergement en hôtel par le 115, ce qui d’une part engorge encore plus le dispositif, et d’autre part constitue des conditions de vie extrêmement précaires et instables pour des familles dont la plupart ont des enfants.
 
De plus, si quelques familles ont reçu l’assurance que, si elles respectent certaines conditions, elles seront hébergées jusqu’à leur logement, les autres risquent d’être «jetées à la rue» au bout de quelque nuits.
 
Pourtant des terrains actuellement vacants, auraient pu être utilisés pour y mettre des caravanes ou des mobil’homes ou des containers ou autres. Des budgets existent à la préfecture de Région pour accompagner de telles opérations.
 
Le Collectif Romyvelines regrette que l’évacuation se fasse avant que l’entrée dans un logement de toutes les personnes « éligibles » ne soit effective (ce qui peut demander plusieurs mois) et qu’elles soient dans l’obligation d’accepter un hôtel : un coût exorbitant pour la société et un logis incompatible pour les familles avec des enfants.
 
Il proteste qu’ainsi au moins 70 personnes vont se retrouver après 2 ou 3 nuits d’hôtel dans la rue, sans compter les personnes expulsées des bidonvilles de Carrières sous Poissy. Il regrette que les élus des communes, du conseil départemental ne se sentent pas concernés par ce drame qui s’annonce.

 
Nous rappelons si besoin en est qu’il s’agit d’êtres humains, d’enfants que l’on est en train de détruire (quid d’une scolarité si bien commencée quand il faut errer d’un lieu à l’autre?)
 
Essayons plutôt de construire ensemble des projets qui leur permettent, enfin, de réaliser leur souhait: s’intégrer tout en respectant nos différences à tous.
 
NB: Le collectif vient de demander au Sous préfet de repousser la date de l’expulsion des bidonvilles du fait d’un drame qui vient de les toucher (noyade accidentelle d’un jeune homme vivant dans le bidonville le 9 juillet).

Le Collectif Romyvelines a aussi adressé une lettre ouverte aux Présidents du Conseil départemental des Yvelines et de la communauté urbaine « Grand Paris Seine et Oise » (GPSEO) : Lettre ouverte aux présidents -Romyvelines – 17.07.15  (PDF)

En voici le texte, adressé à :
– Monsieur Pierre Bedier, Président du Conseil Départemental des Yvelines,
– Monsieur Philippe Tautou, Président de GPSEO

Messieurs les Présidents,

Vous avez gagné !
Après 10 ans d’existence, le bidonville de Triel-sur Seine, sur lequel vivent encore 200 personnes de
culture Rom, va être démantelé.

Vous avez raison : le terrain est insalubre et les conditions de vie y sont indignes.

Mais qu’avez-vous fait depuis 10 ans ? Vous n’avez pas organisé un ramassage des ordures et vous
n’avez pas fourni d’eau à ces habitants qu’ils étaient obligés d’aller la chercher à 2kms. Ces actions
sont pourtant dans vos obligations légales.

Ces femmes, ces hommes, ces enfants, vont se retrouver à la rue après 3 nuits d’hôtel, puis ils
chercheront un nouveau lieu de vie où se réfugier, où ils devront tout reconstruire.

Ces personnes sont sédentaires. Elles ont quitté la Roumanie pour que leurs enfants puissent avoir
une vie meilleure. Beaucoup travaillent et sont en cours d’insertion.
Aucune invasion à redouter : ils sont environ 17.000 en France, et leur nombre est stable depuis
plus de 10 ans.

Plutôt que réclamer des démantèlements qui ne règlent rien, vous auriez pu leur trouver, comme ils
le demandent, des petits terrains sur lesquels des petits groupes de 3, 4 ou 5 familles auraient pu
s’installer en attendant que leurs situations se soient stabilisées.

Vous pensez sans doute que ces démantèlements vont dans le sens de ce que souhaitent vos
électeurs. Pourtant, en tant que responsables politiques, vous auriez pu aussi nous expliquer
pourquoi et comment nous devons aider ces quelques citoyens européens, nos frères en humanité.

Il est encore temps.

Le Collectif RomYvelines