Maison de quartier de la ferme du buisson
8 passage Louis Logre
77186 Noisiel

Communiqué de presse

Hier le 11 juillet 2018, nous avons été confrontés à la soixante-seizième expulsion en 6 ans sur la commune de Champs sur Marne. Ces derniers expulsés viennent renforcer les plus de 6500 personnes, hommes femmes, enfants, femmes enceintes, enfants de quelques jours, personnes âgées, handicapées, malades, etc. qui viennent de bénéficier de la politique humaniste de Mme Tallet, en se retrouvant à la rue, avec les quelques pauvres biens qu’ils ont pu sauver de la démolition de leurs camps, certains devant même renoncer à un travail qu’ils avaient eu la chance de trouver.

Aujourd’hui nous avons pu constater la colère du 115 qui était choqué de cette procédure et des conditions dans lesquelles les familles pouvaient être « mises à l’abri » dans le seul hall d’un gymnase, au motif que la structure en question aurait été inondée il y a plus de 3 semaine et que les conditions n’étaient pas possibles pour accueillir ces familles. La Croix Rouge Française, qui intervient régulièrement sur ces procédures depuis plusieurs années et qui a déjà à plusieurs reprises dénoncées les conditions « d’accueil » inhumaines imposées par la mairie de Champs sur Marne, a cette fois décidé d’aller jusqu’au bout de sa démarche, en prévenant la préfecture de sa position et donc du refus de cautionner cette situation jugée inhumaine. La Croix Rouge a donc refusé d’organiser la mise en oeuvre des moyens pour la nuit. Elle a servi les repas et est ensuite partie. Si nous ne pouvons que partager le point de vue de la Croix Rouge vis-à-vis du traitement inhumain organisé par la Mairie de Champs, nous ne pouvons aussi malheureusement que constater ces pratiques qui relèvent d’une époque que nous pensions révolue, mais qui dans ces expulsions refait surface aujourd’hui partout dans le monde, et particulièrement à Champs sur Marne.

Ce soir à 22 heures seuls 2 ménages ont pu avoir une proposition par le 115. Il reste Plus de 50 personnes dans 50 m² sans lits ni matelas ni couvertures, qui vont devoir dormir à même le sol ou retourner dans les bois construire une baraque … A 23 heures tout le monde est jeté dehors. Les familles ont dormis par terre devant le gymnase.

Nous condamnons fermement ces pratiques et ces façons de faire. Alors que la mairie renvoie régulièrement la responsabilité à l’État, ce que nous pouvons aussi comprendre, elle organise aujourd’hui des procédures d’expulsions sans que les services de l’état (préfecture de région) ne soient informés des réalités, ni des actions de cette collectivité locale. Par ailleurs il nous faut aussi déplorer le fait que cette maire se permette de faire des lettres ouvertes à des instances d’état (préfecture de Seine et Marne) pour déplorer la fin de la trêve hivernale et l’expulsion de familles sans aucune solution de relogement ou de mise à l’abri, mais est, de fait, la première à jeter des familles Roms à la rue en organisant sciemment la non prise en charge de celles-ci.

Nous avons à faire face à une situation particulièrement scandaleuse, inadmissible, inhumaine, relevant de politiques racistes et à tout le moins discriminatoires
Nous pouvons aujourd’hui légitimement nous interroger sur la prochaine étape de cette politique aux relents parfaitement nauséabonds.
Nous avons, par ailleurs, demandé à la préfecture de Seine et Marne dans le cadre de la directive inter ministérielle de Janvier 2018, d’organiser au plus vite une réunion de l’ensemble des acteurs pour construire ensemble une stratégie territoriale digne de l’accompagnement de nos concitoyens européens concernés par ces pratiques ignobles. Cette demande du mois de mars 2018, suivi d’une relance en Mai, n’a toujours pas reçu la moindre réponse de la part des autorités concernées. On peut donc là aussi se demander quelle est réellement la volonté politique au-delà des discours et des textes.

Jusqu’où faudra t il aller avant que des réponses sérieuses, concrètes et humaines permettent de régler ces situations d’extrême pauvreté ?

Nous avons pu constater par notre travail que le temps et la stabilité sont des éléments essentiels pour permettre aux familles de sortir de cette précarité et commencer à se construire un avenir correct. Ce ne sont pas des cas isolés, mais des réalités peu visibles mais concrètes, que les politiques actuelles ne peuvent en aucun cas permettre. Il faut donc en sortir au plus vite avec les acteurs de terrain que sont nos collectifs qui connaissent parfaitement bien les situations, les familles et les parcours nécessaires pour y arriver.