16 Janvier 2019

Suite à l’arrêté du Maire de Ris-Orangis donnant à la trentaine de familles roumaines-roms jusqu’au 7 janvier pour libérer les lieux (propriétaire la SNCF en bordure de la RN7 à la sortie de la ville vers Grigny), le préfet de l’Essonne amis à exécution cette décision ce matin mercredi 16 janvier 2019 à 7h30.

Dans un froid glacial, sur place il y avait ce matin :
– trois représentants d’associations pour aider les familles et témoigner des formes de la procédure, Amnesty international, l’ASEFRR, Les Colib’Ris
– la représentante du Préfet
– 5 agents de sécurité privée dont 2 maîtres chiens
– la Police nationale
– la Police municipale
– et progressivement des agents de la commune pour gérer la destruction des cabanes
– le CCAS avait décliné « l’invitation » au vu du nombre de personnes à évacuer trop faible

Pas d’assistante sociale ni de cellule psychologique comme dans toutes les situations de détresse humaine.

Et seulement 4 habitants du lieu (depuis environ 3 à 4 mois), deux couples dont une jeune femme enceinte. Toutes les autres familles avaient fait le choix de partir la veille ou quelques jours auparavant. En particulier la famille aux 6 enfants dont c’est la quatrième fois qu’elle est expulsée de Ris-Orangis qui est en demande d’inscription scolaire pour 4 de ses ainés. A chaque fois, la domiciliation est refusée et en conséquence l’inscription ! Ce malgré qu’elle ne soit pas obligatoire.

Tous sont sortis pacifiquement, comme résignés à ce sort consciemment mis en place par les décideurs de tous niveaux.

Les deux familles répondant aux nouveaux critères d’attribution d’hôtel étaient donc partis également. Je demandai à la représentante du Préfet d’accorder les chambres réservées au 4 personnes présentes, la réponse a été négative car ils ne répondaient pas aux fameux critères (enfants de moins de 1 an et ???). Ces nouvelles dispositions destinées à limiter les prises en charges obligatoires selon les textes en vigueur se sont généralisées, laissant comme seule issue au famille la recherche d’un autre terrain.

Sous un regard inquisiteur la représentante du préfet m’entendit lui dire que les gens allaient se réinstaller à quelques centaines de mètres d’ici et que la boucle allait se poursuivre sans que rien ne change. En effet, une partie des familles a trouvé refuge sur le territoire de Grigny.

La lecture de l’arrêté se présentant comme un acte de bienfait humanitaire et de sauvetage de familles en danger; il se traduit dans les faits comme une aggravation de la mise en danger physique et psychologique s’ajoutant aux traumatismes antérieurs de chaque individu. En signant de tels textes, qui peut croire que l’autorité d’Etat supérieure (Le Préfet) va prendre les mesures humanitaires à la hauteur de la situation ? Rien de prévu après une expulsion…

Notons toutefois que la dernière famille a pu emporter tous ses biens sous les regards patients des professionnels en habits ou pas. Une première !

Le préfet sollicité de nombreuses fois, ignore les demandes de rendez-vous produites par RomEssonne et d’autre structures associatives. Le « grand débat élyséen » ne passe pas par le Département 91 !

Quand au bidonville de Ris-Orangis en bordure des travaux du tracé du Tram Train, selon moi, les travaux ayant débuté, le drame aura lieu d’ici 1 à 3 mois pour la cinquantaine de familles dont une grande partie ayant vécu l’épopée de Ris-Orangis des années 2012/2013, qui a valu voici quelques jours une condamnation de l’Etat (commune de Ris comprise) par le Conseil d’Etat pour refus de scolariser une quinzaine d’enfants (en créant une classe « à part » créant une ségrégation éducative et sociale).

Tout cela n’est qu’une simple histoire contemporaine à répétition de notre France, cinquième puissance au monde.

Daniel Rouiller
Association les Colib’Ris